Jacques Tati et la Villa Arpel : objet de désir ou machine ridicule ? La maquette de la villa Arpel du film Mon Oncle de Jacques Tati au centre du pavillon de la France

Pour la 14ème édition de la biennale internationale d'architecture de Venise, la conception du pavillon de la France a été confiée à l'architecte et historien de l'architecture Jean-Louis Cohen.

Celui-ci a répondu avec une grande clarté aux questions proposées par le commissaire général de la Biennale : l'architecte Rem Koolhaas sur les Fondamentaux et sur les transformations engendrées dans chaque pays par la modernité depuis 1914.

Illustrant le sujet : "Modernité : promesse ou menace ?", la scénographie du pavillon français a été habilement déployée autour de la maquette de la Villa Arpel (imaginée par Jacques Lagrange), ce bâtiment incarnant la modernité et ses contradictions, dans le film "Mon Oncle" de Jacques Tati, sorti en 1958.

Les 3 autres salles du pavillon évoquent respectivement - les maisons en métal conçues par le ferronnier Jean Prouvé juste après la dernière guerre, pour héberger les mal-logés mais qui n'ont pas été industrialisées ; - le système de préfabrication d'immeubles en béton de l'ingénieur Raymond Camus qui aura le succès industriel que l'on sait ; - le grand ensemble de Drancy construit en 1935 par Eugène Beaudoin et Marcel Lods, célébré en son temps pour sa modernité mais dont on connait l'utilisation tragique qu'en firent les nazis en 1942.

Le commissaire du pavillon français a fait de Drancy un symbole des guettos que sont devenus certains des grands ensembles qui se sont multipliés après guerre. Quelques critiques de presse ont reproché à J.L. Cohen cet amalgame, peut-être moins perceptible par des étrangers que par des français, mais qui se révèle très pertinent dans le contexte de cette biennale interrogeant le sens de la modernité en architecture.

Un livre bilingue a été édité à l'occasion de cette biennale, il présente 101 bâtiments importants à connaître, construits en France entre 1914 et 2014. On ne s'en étonnera pas quand on connaît le personnage, mais Rudy Ricciotti, l'architecte du MuCEM à Marseille a refusé d'y figurer